mardi 21 août 2012

Les femmes du bus 678

Réalisation : Mohamed Diab
Durée : 1h40
Genre : Docu-fiction sur la dangerosité des transports en commun.

Qui dit fête du cinéma dit ... fête... et... cinéma... et puis... du. Euh, non qui dit fête du cinéma dit chouette, youpi et joie ! C'est l'occasion pour moi d'aller voir des films que je n'irais pas forcément voir d'habitude mais surtout c'est parce que j'ai les moyens de passer toute mon aprèm' dans une salle de ciné à profiter de ce que j'ai raté les semaines avant vu que ma fréquentation des salles obscures se font de plus en plus rares mis à part quand quelque chose me motive vraiment. Mais ça aussi, ça se fait de plus en plus rare.

Ceci dit, concernant ce film, ce n'est pas trop par hasard, je l'ai vu à l'affiche pour l'occasion de la fiesta et il m'intriguait beaucoup. Faut avouer que j'avais été plus qu'enchanté (façon de parler) par Les femmes du Caire dont j'ai déjà parlé.
Alors forcément les thèmes sont assez proches. Les évènements se déroulent en Égypte et tout tourne autour du sujet de la place des femmes dans cette société.

Allons-y pour un petit aperçu : Fayza prend toujours le même bus pour se rendre à son travail mais l'évite la plupart du temps. La raison est simple : dans la cohue qui règne et l'absolue promiscuité due au nombre important de passagers, des mains baladeuses s'aventurent vers les endroits les plus intimes de sa personne.
Autre personnage, autre milieu. Seba organise depuis peu des séances d'autodéfense pour les femmes, essentiellement basées sur la discussion et le comportement vis à vis de l'autre, bien qu'elle profite d'un peu de couverture médiatique, il n'en reste pas moins que ses réunions et ses propos semblent avoir peu d'effets face aux habitudes et à la résignation ambiante.
Troisième pivot : Nelly. Toute jeune demoiselle pleine de vigueur et d'espoir, comédienne à ses heures, elle va devoir faire face à l'incompréhension, interloquée, suite à une agression plutôt violente.

Trois femmes, trois destins qui vont se croiser. Chacune venant d'un milieu différent, de génération différente, chacune ayant une vie bien distincte et pourtant, elles vont se retrouver (difficilement), réunies par le même problème et leur impuissance à pouvoir faire face à une immense machine phallocentrique qui les écrasent.
La réalisation est impeccable, surprenante même, les pièces du puzzle s'emboitent à merveille et on se laisse surprendre par l'habileté qui réunira ses trois portraits au quotidien si éloigné. 
Fayza, la mère de famille essaie tant bien que mal de concilier son travail, ses obligations familiales, maintenir sa relation avec son mari et échapper à ces hommes qui ne la respectent en rien.
Seba vient d'un milieu plus aisé ce qui ne l'a pas empêché d'être agressée, submergée par une foule d'hommes en liesse suite à la victoire de leur équipe, son fiancée assistant impuissant à la scène, sa vie maritale détruite, son seul refuge devient son combat.
Nelly, jeune fille appartenant à une génération qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, cherche à faire sa place dans le milieu artistique secondé par son chéri, humoriste local ayant un petit succès, qui l'aidera tout au long de sa rude mésaventure.
le déclencheur de leur rencontre, c'est Fayza qui l'apporte, à bout de nerf, une main au fesse de trop et voici le coupable suriné. Celle-ci va trouver refuge chez la seule personne qui a essayé de la comprendre et qui connait ou se doute de ses problèmes, Seba.
Autour de cette rencontre, une enquête pour retrouver l'agresseur du bus 678 se met en place dirigé par le commissaire Essam, personnage curieux, intelligent et intraitable, aussi surprenant par son côté détestable que par sa soif de justice et d'honnêteté.
Là encore, le rythme est parfait, les images se font échos, l'évolution de l'enquête suit le combat de ses femmes qui se détériore peu à peu, faute d'aides et de soutiens.
Chaque personnage va vivre une épreuve qui va lui amener à comprendre à partager une souffrance morale avec les autres et même le commissaire, imbuvable avec la femme qu'il aime pourtant, va se parvenir à toucher du doigt le problème de ces trois femmes.


Bref, Les femmes du bus 678 profite d'une construction digne d'un polar au service d'une fiction quasi-documentaire qui évoque un énorme problème de société en Égypte, milieu apparemment extrêmement machiste où même si l'on pourrait croire à un statut égalitaire, l'environnement masculin et la pression familiale et sociétale est trop importante pour qu'une femme puisse se plaindre incontestablement des violences morales et physiques faites à leur encontre.

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