mardi 8 novembre 2011

Sur le terrain


Et bien.
Cela faisait un petit moment que je venais quotidiennement sur cette page et... rien. Enfin plein de choses découvertes, un tas de titres et de chansons dans la tête qu'il serait bon d'en laisser un avis tout à fait personnel à l'attention de moi-même et de quelques égarés et curieux.
Mais, pof, on ne prend pas le temps, on passe et on pense à autre chose et surtout on perd son temps sur des jeux idiots et des conneries divertissantes qui parsèment la toile.
Enfin, j'ai quand même bien peaufiné mon entrée avant de revenir et j'ai ainsi une excuse, pas forcément valable et totalement de mauvaise foi mais si j'étais absent c'était parce que j'étais...

Sur le terrain. Adrien Fournier. éditions Cambourakis. 9,50€ (avant la TVA à 7%)

Mais quoi donc est-ce ? Je me souvenais de l'article que l'on m'en avait fait sans me souvenir du contenu aucunement, mais ça avait l'air bien, hop, j'embarque et je lis.
Sur le terrain nous emmène à la suite d'une petite équipe de tournage se lançant dans la réalisation de petits reportages à la découverte de la France profonde ou des dessous de la France, ou du derrière de la France, une émission en fin de journal à la Jean-Pierre Pernaut, mais en pire (oui, c'est difficile à imaginer).

On s'embarque donc à la suite de Guillaume Michelet, le présentateur "gentiment" idiot, égocentrique et incompétent et de sa petite troupe composé du candide et diplomate Julien Floch, preneur de son et de la virulente et réactionnaire Carole Delebard, camérawoman.
Ce trio part arpenter ainsi les petits quartiers et la province à la recherche du scoop, de la curiosité humaine, ivre de montrer la richesse du voisinage et la variété de nos campagnes. Petit hic, ils ne sont pas très doués et Guillaume Michelet n'a rien préparé, c'est ainsi qu'il se retrouve à discuter dans un troquet avec des vieux hippies se reconvertissant tant bien que mal à la ville, tomber au milieu du concours du plus gros mangeur de moules au coeur de Lille et faire la rencontre de presque "sympathiques" vagabonds qui planent sur la dune du Pyla.
Les trois compères vont d'échecs en déceptions et les tensions montent au point que l'émission finit par être étouffé tel un pet de lapin constipé.

Avec son trait particulier, ses bonhommes batons que l'on ne peut s'empêcher de trouver sympathiques, aux expressions bien trouvés, Adrien Fournier dresse un large portrait de ce qu'est la société de l'information à l'ère actuelle. En montrant avec beaucoup d'humour, la réalité des alentours, il pose aussi un petit tableau des différentes activités et évènements étonnants auxquels on peut facilement assister en France et cela sans véritablement forcer le trait. Mais point de moquerie dans le dessin ni dans les propos, juste quelques agréables petites piques qui évoquent clairement l'autodérision et le petit jeu en conclusion confirme tout cela.
D'ailleurs c'est en partant de cette petite troupe que l'auteur évoque à plusieurs reprises l'envers du décor de la réalisation d'une telle émission et qu'il s'autorise (à ma plus grande joie) à des petits apartés comme s'il s'agissait d'être nous-même spectateur devant l'interview d'un passant, l'oeil derrière la caméra.

Ce petit livre, autant par la taille que par le prix, est finalement une sorte de pamphlet assez grinçant et cynique de ce que la télévision peut déféquer de mieux ou de pire, Sur le terrain en évoque les rouages et s'amusent avec, pour en déduire que de toute façon "tous pourris" ou presque. L'information, on en fait ce qu'on veut.
Tout le propos est appuyé par le petit cadeau en fin de livre où un petit jeu nous propose de réaliser nous même notre reportage en mettant les cases proposés dans l'ordre que nous le souhaitons puis en les agrémentant de petites légendes adéquates. Ou pas. Là est toute l'astuce et la facilité de montrer que l'on peut dire "Oui" là où l'on déclarait "Non".

J'en profite pour dire un ou deux ou trois mots sur un autre ouvrage d'Adrien Fournier, Les plans de la ville, toujours chez Cambourakis, qui décrit la vie de plusieurs personnes dans un quartier de banlieue aux immeubles géants. Du jeune actif ronchon métro-boulot-dodo aux jeunes désoeuvrés passant de bêtises en bêtises, c'est avec un petit plaisir que se mélange tous ces petits personnages aux allures sympathiques.

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