lundi 22 août 2011

Melancholia

Réalisation : Lars Von Trier
Durée : 2h16
Genre : Film de SF abstrait

Synopsis : Justine (Kirsten Dunst) vit difficilement le jour de son mariage, elle se réfugie chez sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg) alors que la planète Melancholia s'approche de la Terre.

Difficile d'en dire plus sans trop gâcher le plaisir. Le film annonce la couleur dès le démarrage avec une succession de scènes muettes, au ralenti, qui paraissent pour le moment très énigmatique, comme si on assistait à la fin du film... ou a un compilation de publicités pour parfums (ce qui a un certain sens).
Le titre apparaît ainsi que la première partie. Melancholia est découpée en deux parties bien distinctes, chacune s'intéressant à une soeur en particulier. La première partie retrace la désastreuse soirée de mariage de Justine et Michael. Arrivée en retard, le malaise et le mal-être commence à faire surface, petit à petit, par bribes, Justine se rend compte peu à peu qu'elle s'enferme dans la tradition, dans ce qui est le mariage-modèle clinquant et friqué que bon nombre de jeunes filles (et de jeunes hommes) rêvent. Paillettes à profusion, service aux petits oignons, la scène se déroulant dans une propriété à l'ancienne accompagnée de son golf de rigueur (18 trous le golf, s'il vous plait).
Les petits désirs personnels de chacun agressent Justine, le désir animal de Michael son mari et son envie de profiter de cette soirée si traditionnel, les envies de son patron souhaitant faire travailler ses employés à toutes heures du jour et de la nuit, le souhait de sa soeur Claire et de son mari voulant offrir un mariage inoubliable à Justine et au milieu de ce foutoir, des éléments perturbateurs : les génitateurs. La mère avec ses phrases assassines anti-mariage (Charlotte Rampling, magnifique), le père avec son dilettantisme et son abandon total de paternité ( John Hurt, merveilleux).
Le trouble se fait chez Justine, la mélancolie la gagne, la peur du lendemain est bien présente et on ressent ses impressions. Elle perd pied et ne trouve personne à qui se raccrocher.
Antarès fut peut-être le déclic, un instant ici, disparue ensuite, quelque chose ne va pas et Justine perd travail, mari, confiance et envie cette même nuit.
Après ces évènements, la deuxième partie s'amorce avec le quotidien de Claire, soeur attachée et opposée Justine. Patiente, rigoureuse, elle assiste à la déchéance de sa soeur tombée en dépression. Semblant prête à toute éventualité, l'inquiétude la gagne cependant dès l'arrivée de Melancholia, étrange planète se baladant dans l'univers et s'approchant peu à peu de la Terre.
Justine devient subjuguée par l'éclatante beauté de Melancholia, elle sait qu'elle est un signe, une solution pour elle. Elle qui ne vit que dans le désespoir, avec la conscience que l'humanité n'est qu'une maladie apportant son lot de malheur au quotidien. Melancholia est l'espoir, une fatalité dont elle est si certaine que son mal-être guérit au fur et à mesure que l'astre grandit.
Claire ne voit pas les choses sous le même angle, elle cherche justement des angles à la planète ronde et bleue, sa présence l'inquiète, elle est une tâche dans sa routine et la conscience de la mort s'éveille au même rythme de la proximité de Melancholia.

Lars Von Trier propose une vision de la fin des temps au final, fait un portrait de deux personnes à la fois terriblement liées et radicalement opposées où chacun affronte ou prépare la fin à sa manière. L'une l'attendant avec une certaine impatience, profitant silencieusement de la beauté de ces derniers instants, l'autre tentant par tous les moyens de vivre jusqu'au bout à sa manière, avec son propre instinct de survie.
Et pour l'atmosphère, le réalisateur a bien compris une chose pour créer la tension et cette oppression constante, des scènes lentes et silencieuses où l'hésitation devient maître-mot. 
Melancholia est une sorte de huis-clos dans cette demeure où la fuite semble impossible, manoir isolé aux forêts impénétrables, où Justine, Claire et sa famille ne peuvent s'en échapper, contraintes d'admirer et subir la planète qui vient à leur rencontre.
Bref, malgré certaines longueurs inhérentes à l'ambiance voulue, Melancholia reste un film assez curieux, semblant être partagé en deux, un regard sur la vie et l'humanité et sur que choisir au menu du dernier restaurant avant la fin du monde. Long-métrage psychologique lorgnant vers de la SF abstraite, Melancholia ne cherche pas une cohérence scientifique mais juste à exprimer un ressenti de l'être humain face à l'inéluctable et aux choix de vie.



Aucun commentaire: