mardi 14 octobre 2008

Mercure


Amélie Nothomb est parmi les auteurs contemporains les plus prolixes et productifs : elle publie en effet au rythme d’un livre par an, et ce depuis 1992 (je vous laisse compter…), ce qui ne fait pas de tous ses livres des œuvres inoubliables, loin s’en faut.

Toutefois, je me suis plongée dans l’un de ses anciens romans, Mercure, paru en 1998, avec un certain plaisir, il faut bien le dire. Un roman captivant dont l’intérêt repose avant tout sur le mystère qui règne sur ce huis-clos.

Retour sur l’histoire : En 1923, sur une île déserte ou presque, au large de Cherbourg, un vieillard prend soin (d’une façon ambiguë et malsaine) d’Hazel, une jeune fille défigurée lors d’un bombardement en 1918. Ils vivent isolés dans une maison qu’on dirait faîte pour elle, sans miroir, sans aucun objet pouvant retenir de l’eau, sans aucun verre poli, sans rien donc qui permettrait à la jeune fille d’apercevoir son reflet.
Françoise, une jeune infirmière, est engagée pour soigner la jeune fille, et un lien très fort va se nouer entre les deux femmes. À tel point que Françoise voudra sauver Hazel des griffes de ce vieillard, qu’elle découvrira pervers, et de la machination qu’il a mise en place par amour, pour garder Hazel près de lui.

On retrouve le goût de la romancière pour le morbide mais aussi pour le romantisme, la passion, le tout uni par une perversité réfléchie. On se retrouve dans un flot de sentiments complexes, à essayer de comprendre les actes des uns et des autres. La machination du vieillard peut passer pour un acte d’amour, comme pour un acte d’un grand égoïsme, ou encore pour l’acte d’un vieillard malade mental. Peut-on le comprendre, l’excuser, selon l’angle sous lequel on le perçoit ?

Amélie Nothomb nous livre aussi dans ce roman une originalité : il a deux fins ! Elle n’a pas su choisir entre les deux, qui correspondaient aussi bien l’une que l’autre à la psychologie de ses personnages, et les a donc mises toutes deux à disposition du lecteur, qui pourra choisir celle qui le satisfaira le plus. Peut-être aurait-elle d’ailleurs pu en écrire une troisième, car si le roman, tout en nuance, est absolument passionnant, aucune des deux fins, trop dans le cliché, n’est vraiment convaincante.

Un livre assez court , à lire presque d’une traite, c’est encore meilleur !

5 commentaires:

Chouchou a dit…

Elle a un grain sous son chapeau Amélie Nothomb, non?

Filandrune a dit…

Tu sais ce n'est pas Geneviève de Fontenay elle n'a pas en permanence un chapeau !

Bedlam a dit…

J'avoue que, n'ayant que lu des extraits, ces sujets ou plutôt les environnements qu'elle choisit ne sont pas du tout à mon goût mais par contre la lecture est d'une fluidité étonnante et même sans aimer, ça se laisse lire pour moi Amélie Nothomb. Mais bon là, ça à l'air un peu trop "dark" pour moi en ce moment.

Filandrune a dit…

C'est pas dark du tout

Bedlam a dit…

Ben le sujet n'a pas l'air supertop joyeux non plus.